La recherche en berne

Cette fois, la rupture est consommée... Le Gouvernement avait bien tenté de se rapprocher des chercheurs en leur faisant d'énièmes promesses de hausses de budget, qui, aussi consistantes qu'elles pouvaient être, ne répondaient en rien aux attentes du mouvement: ce qui était demandé était essentiellement que soit enfin assuré l'avenir de la recherche, par la titularisation des chercheurs précaires que le Gouvernement voulaient recruter cette année. Deux mois se sont écoulés depuis le début du mouvement. Le Gouvernement a certes gesticulé dans la dernière semaine, mais pour brasser beaucoup de vent, ce qui est apparu inacceptable. Les chercheurs ont donc largement tenu parole, et pour au moins 2000 d'entre eux déjà, démissionné de leurs fonctions administratives...

La décision est-elle réellement constructive? Il est certain que la recherche n'ira pas mieux par cette réaction d'obstruction, mais le Gouvernement avait les moyens de renverser cette tendance, et a choisi de s'abstenir. Les chercheurs n'ont donc pas voulu être associés et rendus complices de ce qu'ils considèrent comme la mise en bière de leur activité. On peut s'étonner du fait que le Gouvernement, qui trouvait il y a un mois, près de un milliard et demi d'euros pour les restaurateurs, n'ait pas réussi à trouver les deux cents cinquante millions qu'aurait coûté l'engagement de chercheurs publics, au lieu de chercheurs précaires à durée déterminée (on peut vraiment s'interroger sur l'emploi de personne, sur des missions de recherches qui durent plusieurs années, par des contrats de deux à trois ans tout au plus!). Reste que la recherche est en berne, et la désorganisation qui risque de s'installer dans les prochaines semaines n'est pas de bonne augure.