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Ma Voix
5 avril 2004

Carton rose

Il me fallait bien 8 jours pour avaler ça... Des élections régionales, et un gouvernement qui se prend une raclée comme on aurait jamais imaginé 10 jours avant... Faut-il y voir l'effet des élections espagnoles qui ont porté les socialistes au pouvoir avec un score jamais égalé dans cette jeune démocratie, ou le simple effet d'une politique qui a provoqué un mécontentement latent... Toujours est-il que la droite a perdu plus d'une dizaine de régions, mais ce qui est encore plus violent politiquement, a laissé la France des régions aux mains de la gauche... Seul un petit village de l'est résiste encore et toujours à l'envahisseur... [à noter qu'en Corse, si la droite a conquis la présidence de l'assemblée, c'est en raison des divisions de la gauche, pourtant majoritaire...]

Il est vrai que les élections régionales ne mettent pas en jeu le sort du Gouvernement national, en tout cas en toute rigueur juridique, mais politiquement, le siège du Premier ministre était quand même des plus inconfortable... Même des bastions historiques ont basculé, et ce résultat a été encore confirmé par les élections cantonales (pour les conseils généraux des départements) qui avaient lieu au même moment... Tout ça pour dire qu'on cherchait donc activement le successeur du chantre de la France d'en-bas: Sarkozy parviendrait-il à ses fins? Debré nous jouerait-il le chevalier blanc? Fillon pour nous faire le libéral social? Et bien contre toute attente, malgré la débacle, notre Président de la République a reconduit son Premier ministre dans ses fonctions! Mieux encore, pour réagir, il fallait remanier le Gouvernement: qu'à cela ne tienne, on prend les cartes, on mélange les cartes et on redistribue! Tout le monde est là, ils ont juste changé de place! Le ministre des affaires étrangères passe à l'intérieur, son titulaire allant à l'économie! Le ministre de la ville remplace le ministre de l'emploi, lequel part à l'éducation! Quant à ceux qui n'ont pas eu la place dont ils rêvaient... ils ont consenti à rester là où ils étaient (justice, agriculture...). Je ne suis pas le meilleur éditorialiste, alors je retranscris un petit commentaire lu dans Le Monde, sous la plume de Domonique Dhombres, qui raconte l'annonce du nouveau Gouvernement par le secrétaire général de l'Elysée, à l'intérieur du palais présidentiel:

"Une fable, à présent. Le président, invisible et tout-puissant, réside dans son palais. Il est tellement occupé qu'il délègue son majordome pour lire la liste qu'il a souverainement édictée avec l'aide d'un bon gros, le roi Raffarin III, fourbu, épuisé, mais content. Le président, septuagénaire et qui a beaucoup voyagé, reste pour sa part terré. Les grenouilles que nous sommes regardent la cérémonie, à la télé, en famille, à l'heure du dîner."

J'ai trouvé ça très élégant... On y retrouve en tout état de cause ce décallage vivace entre le monde du pouvoir et le monde réel... Quand le plus gaulliste des hommes d'Etat vivant s'offre le luxe, après une défaite aussi importante, non seulement de rester en place, mais encore de garder ses hommes à leur place, on peut se demander ce qu'aurait dit le Général vénéré! En tout cas, Raffarin, vous n'avez pas voulu d'un troisième tour? On vous l'offre quand même...

 

PS: une petite chose que j'ai lu et qui m'a fait rire, car de bonne guerre... On a parlé à propos de la politique de Raffarin de guerre à l'intelligence. Le Premier a répondu qu'il fallait aussi considérer l'intelligence de la main (donc du travail)... Certains ont pu noter désormais que "la main, finalement, il se l'est prise dans la gueule"...

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