Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ma Voix
8 juillet 2004

Journée extraordinaire

C'est une rafale de vent qui me signifia que la journée était commencée. A peine la porte ouverte que la bouffée d'air s'engouffra et me poussa à sortir. Il y avait cet atmosphère si caractéristique de ce temps orageux qui m'électrise; il fait chaud et pourtant le vent est frais; le ciel est couvert de nuage sombre et pourtant tout est lumineux; le corps se fait lourd et pourtant j'ai envie de bouger... Mes envies doivent néanmoins être aussitôt réfréné: je suis debout pour aller travailler.

La matinée est pesante: je ne veux rien faire, alors j'enchaine mécaniquement les appels, encaisse sans réagir les réflexions des secrétaires les plus hargneuses, et m'empresse de rentrer chez moi quand l'heure du repas sonne. Rien ne m'attends de particulier chez moi, si ce n'est mon cyber-amant qui est connecté (il n'a le titre d'amant que parce que je l'ai autoproclamé ainsi en mon fort intérieur, mais nul doute que son avenir est encore indécelable). Nous échangeons des propos très cordiaux, sans aucune originalité, mais sa qualité me comble suffisamment pour que je m'en contente. J'avale mon repas, patiente jusqu'à l'heure où il n'est plus possible de rester sur place, puisqu'on m'attend afin que ma paye soit au moins fictivement méritée.

Cette fois, c'est une averse très dense qui m'attend dehors. Il n'est pas possible de patienter, et je ne suis pas sur d'en avoir vraiment envie: je m'élance sous les trombes d'eau, mais conserve un rythme calme, comme pour signifier aux nuages ma complète indifférence à leur chagrin. En fait, c'est un plaisir non dissimulé. Ma veste du plus simple tissu est une éponge, le livre dans ma poche commence à ressentir l'humidité, alors que lentement une goutte chaude glisse du sommet de mon crâne, sur mon front et jusque mes lèvres. J'aime les éléments qui se déchainent. J'arrive au bureau trempé, mais heureux. L'après-midi n'en passera pas moins lentement néanmoins, qui se termine sous un ciel lumineux et chaud.

La nuit tombée, la maison m'appartient. L'extérieur m'épuise rien que d'y penser, et le programme télé est indigent. Je choisis un nouveau livre: Robert des noms propres; c'est Amélie Nothomb qui va m'accompagner. Sur l'étagère, je dérange le disque de Sigur Ròs que j'installe dans le poste. Je tourne le robinet, m'allonge, et ouvre mon livre, alors que le liquide chaud commence à m'entourer. La musique résonne dans la salle de bain. Quelques cent pages plus tard, je reviens à moi, et sens sur mon visage comme un masque d'argile, que mes grimaces peinent à déformer. On dit souvent qu'un bain chaud délasse... Je crois que ça enferme les problèmes et toutes les pensées dans un recoin de l'âme (et qu'il ressortiront bien assez tôt!), il faut en profiter. L'eau est bouillante et l'air ne l'est pas moins. Ma tête s'enfonce alors sous l'eau. J'adore avoir les cheveux mouillés. Mon livre est reposé, la musique continue, alors que je reste allongé et immobile, la tête entièrement vide. Un muscle de la cuisse se met à réagir, sans que je le contrôle. Il tremble, et fait onduler l'eau du bain. J'aime ces gestes incontrolés, que je me refuse à déjouer, par quelque mouvement. Puis je fais couler l'eau froide dans le bain, qui doucement atteint chaque partie de mon corps, les pieds, les jambes, les fesses... Je me redresse, fait couler la douche alors que la baignoire se vide. Je sors de la salle de bain. Le disque est terminée.

    

Publicité
Commentaires
Publicité