Non à quoi?
Pourquoi
le Non est virulent en France? La "Constitution européenne" n'y est
pour rien, c'est l'état du monde qui est en cause. Chirac va au front,
et répond à côté de la plaque en brandissant de grands principes et en
agitant un chiffon rouge devant le "mouton noir". Alors rejeter le
texte pour protester contre la société comme elle va (encore et encore)?...
Ca soulagera peut-être. Pourtant, ça ne mènera pas loin, et si on n'est
jamais sûr de là où on arrivera avec ce texte, on peut être certain que
sans, on restera là où on est.
"A trop parler, multiplier les postures, on rend vaines l'information et l'argumentation. Oui, dans un pays de chômage de masse, de grande exclusion et de précarité généralisée, il y a des discours inaudibles. Oui, les droits que garantit la Constitution sont perçus comme lointains et formels. Oui, l'avancée des protections sociales est mise en doute. Oui, le progrès démocratique de l'Union est ignoré. Tout cela, à tort.
Le procès, ignorant et irrationnel, est instruit systématiquement à charge. Et alors ? Ce qui s'y dit est le réel, qui revient en plein visage. Et ce réel n'a rien pour lui. Mélange de misère sociale (réelle ou crainte) et de discours conservateurs, il est gouverné par le doute sur soi et la peur des autres. Il fait mal à entendre, ce nationalisme tranquille qui rêve de frontières, de protectionnisme, de dirigisme, cet égoïsme pour qui donner c'est perdre, ce racisme rampant qui n'aime pas le Turc."
Extrait d'un point de vue de Jean-François Pascal, "Chirac face au réel", publié par Le Monde le 20 avril 2005.