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Ma Voix
1 décembre 2004

Constitution européenne - Acte 3

   

Bon, puisque c'est le jour J pour les socialistes, je vais essayer de faire un dernier point sur le débat entre les tenants du oui et ceux du non sur la Constitution européenne. Sans vraiment pouvoir caché que j'y suis plutôt favorable, je préfère le dire...


En fait, au-delà des questions précises, ce qui distingue les deux camps, ce n'est pas leur opinion de la Constitution, parce que globalement ils ont quand même tous l'air de reconnaître qu'il y a des avancées importantes dans le texte par rapport à la situation actuelle, mais c'est plutôt une question de rythme. Chez les défenseurs du oui à la Constitution européenne, on considère que si ce texte n'est pas parfait, il y a beaucoup d'avancées (la Charte des droits fondamentaux, la reconnaissance des services publics, l'approfondissement de la défense européenne, l'extension de la majorité qualifiée dans un certain nombre de domaines, les pouvoirs élargis du Parlement européen, le rôle reconnu aux Parlements nationaux...), mais que s'il y a encore des imperfections, celles-ci seront corrigées plus tard, et qu'il vaut mieux d'abord profiter de ce qu'on est sûr d'avoir et dont on peut profiter. Pour les partisans du non, on regarde plutôt tout ce qu'ils auraient voulu y mettre (proclamation de l'Europe sociale, mise en place du salaire minimum, majorité qualifiée sur les questions de fiscalité et harmonisation), et on souhaite faire une nouvelle Constitution européenne plus conforme aux aspirations socialistes.


 

Il y a juste deux choses qu'il faut savoir. D'abord, une constitution n'est pas de gauche ou de droite, et celle-ci ne l'est pas plus que les autres... Par exemple, en France, la Constitution qui a été mise enplace par le général De Gaulle en 1958 avait été très critiquée par François Mitterrand qui dénonçait un "coup d'état permanent". Finalement, quand il est arrivé aupouvoir en 1981, il a su utilisé cette constitution, sans la modifier, allant jusqu'à organiser les nationalisations de sociétés privées, mesure pourtant assez gauchiste _sans aucun sens péjoratif! La Constitution européenne est du même titre: elle organise les pouvoirs et les institutions de l'Union européenne, sans préjuger de la politique qui sera suivie plus tard. Si Chirac, Berlusconi ou Aznar soutiennent désormais ce texte, c'est également le cas de Blair, Shroeder (qu'on peut soupçonner peut-être de libéralisme), mais encore de Zapatero, le Premier Ministre espagnol, ainsi que de l'ensemble des représentants socialistes européens. En effet, ce texte ne gèle pas la politique qui sera suivie, qui pourra être de gauche ou de droite. Cette question ne dépend pas de l'adoption ou non de la Constitution, mais de l'élection de gouvernements de gauche partout en Europe!


Alors pour ceux qui revendiquent le oui, la victoire du nom fait craindre la crise chez les socialistes français et européens, la fin de l'Europe, l'explosion des institutions et la disparition du monde entier!! Non, franchement, il faut pas exagérer. Si la Constitution européenne devait être rejetée, il y aurait sans doute une période de flottement en Europe, mais les institutions fonctionneraient... comme aujourd'hui! On perdrait simplement certaines avancées dont on aurait pu profiter.

Les reculs que prétendent dénoncer les opposants à la Constitution sont pour la plupart des dispositions qui existent déjà et sont appliquées aujourd'hui!! Donc refuser la Constitution, c'est encore voire appliquer ce qu'on lui reproche, dans l'espoir inconnu de pouvoir mieux négocier... Il faut se rappeler que le texte présenté aujourd'hui a été négocié depuis plus de quatre ans, de manière transparente, et par toutes les institutions nationales et européennes! On peut espérer mieux, sans doute, et je ne vais pas prétendre que le texte est génial, mais les aspects négatifs existent déjà, et il n'y a que des avancées (même si elles peuvent être insuffisantes à certains égards). Pourquoi ne pas prendre ce qui est bon, plutôt que d'attendre quelques choses de très éventuels, avec des partenaires qui ne comprendront pas notre position ou ne pourront pas l'accepter... Il faut pas oublier que ce n'est pas une constitution franco-socialiste, mais une Constitution européenne!

Je prends l'exemple social, dont on entend tellement parler... Le Royaume-Uni vient de faire appliquer, avec beaucoup de difficulté, une directive qui limite le travail hebdomadaire à... 48h par semaine!! Comment leur imposer plus?! Les niveaux de vie et de développement industriel dans les pays nouvellement européens sont globalement très inférieurs aux nôtres... Comment leur imposer un salaire minimal pour tous les salariés, alors que les moyens économiques n'existent pas encore?! Si le développement dans ces Etats passent par des coûts et une fiscalité plus faible qu'en France... Comment leur imposer des taux plus importants? Les entreprises locales n'en auraient pas les moyens, quant aux entreprises internationales, si certaines peuvent choisir de délocaliser, elles perdent alors le bénéfices de toutes les infrastructures qui existent en France... Qui plus est, si ça ne se fait pas en Europe, les entreprises délocaliseront hors d'Europe, il n'y a pas de solution miracle!! Alors autant laisser les pays européens évoluer... Bref, on le voit, toutes les idées françaises ne peuvent pas être rapidement et sans condition acceptées par les autres Etats...


Voili voilou... Globalement, ce dont il faut se souvenir, c'est qu'en l'espèce, on ne vote pas pour des idées politiques ou un programme, mais pour une organisation, laquelle autorisera quoiqu'il arrive toute politique. Ce referendum doit juste décider si on veut profiter des avancées proposées, ou en espérer d'autres (sans l'assurance que le prochain texte sera ne serait-ce qu'au même niveau...). Et si certains sont pas d'accord, ils ont le droit de laisser des commentaires! ;)

Constitution européenne: Acte I, Acte II, Acte III

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